lundi 4 mars 2013

Serpent de mer















































Quelques extraits d'un carnet consacré aux aventures d'un serpent de mer. C'est le début d'une petite bédé improvisée selon un processus spécifique. En fait, je remplis les pages de cases vides et c'est seulement après que je dessine à l'intérieur de ces cases. C'est à dire que j'improvise un "chemin de fer" sans aucune contrainte puisque je ne sais pas encore ce que je vais raconter, et ensuite je "dévoile" le contenu des cases comme si je les explorais moi même. Cette méthode produit une disposition des cases très "libre" avec des interpénétrations et des agencements qui ne fixe aucun sens de lecture déterminé. Je ne vous cache pas que c'est assez jouissif à faire, d'autant que j'ai choisi des formes simples et codifiées qui n'occasionnent aucune difficulté de représentation.

L'histoire a peu d'intérêt en elle même, elle est prétexte à essayer différentes choses. C'est amusant de remarquer que la suppression de la contrainte de le "la lisibilité temporelle" produit un agencement des vignettes qui n'est plus au service de la narration mais qui vaut en lui même. Du coup, chaque case a une valeur d'image propre : on peut l'isoler de la narration puisque celle ci n'est pas figée. D'autre part chaque planche forme une grande image composée pour elle même et pas seulement pour la circulation entre les cases. Et il y a tout de même une narration qui se dégage et donc une valeur des cases et des planches relativement les unes aux autres. 

6 commentaires:

  1. Je ne suis pas tout à fait d'accord sur le fait que les vignettes ont chacune une valeur d'image propre. Pour moi tes planches instaurent un nouveau fonctionnement spatial, qui s'éloigne de la narration par images successives : c'est plutôt un épisode éclaté, où la position de chaque fragment prend une autre valeur que sa signification temporelle (son importance, ou bien l'impression perceptive qu'il imprime à l'ensemble). Chaque fragment est donc essentiel à l'ensemble, sinon la sensation de l'évènement est modifiée ; un peu comme dans l'esthétique cubiste où toutes les dimensions sont agencées selon une logique de perception d'ensemble, mais d'un ensemble mouvementé.

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  2. Je suis d'accord : chaque fragment est essentiel à l'ensemble, et cet ensemble n'est pas vraiment une séquence narrative "univoque". Tu parle toi même d' "épisode éclaté" ; eh bien je pense que cet "éclatement" change le statut d'image des vignettes au point que chacune a une valeur d'image propre en plus de son rôle de fragment, d'une importance variable. Ce qu'on perd en efficacité de narration pour l'ensemble, chaque image le gagne en "émancipation" individuelle et acquiert du même coup une certaine "valeur d'image propre"... Le "nouveau fonctionnement spatial" des planches dont tu parles est un fonctionnement dans lequel les images sont moins solidaires entre elles que dans une séquence narrative classique : au lieu de suivre un chemin à étapes, on s'égare puis on explore la planche comme un archipel de vignettes. De cette façon, au cours de l'expérience de lecture, on peut être amené naturellement à regarder longuement une case -sans pour autant éliminer toutes les autres- et donc à y rester, à la contempler comme une image singulière et quasi-indépendante. A l'inverse, dans un fonctionnement spatial standard, une image chasse le précédente et appelle la suivante, qui sont clairement déterminées.
    Comme tu l'as dit, il y a bien une logique de perception d'ensemble et les vignettes sont autant de fragments au service de la restitution d'un épisode. Cependant, il me semble que chaque vignette est à même de s'émanciper du tout et de faire sens à elle seule, ou presque.
    Disons que chaque vignette a un "début" de valeur d'image propre ou une valeur d'image propre incomplète.

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  3. Estelle et Marin : vous êtes géniaux.


    Sinon c'est bien, mais je suis pas d'accord avec la vignette numéro trois de la troisième planche. Y a du relachement dans les pointillés qui sont trop écartés les uns des autres et ça crée une discontinuité suplémentaire dans un récit qui n'en à pas besoin de plus. Ce chaos, évidemment soustrait à l'évidente simplicité du récit crée une dynamique inverse à celle de départ. En effet, on pourrait penser que ce n'est plus le sujet même de ton travail et que tu déplaces tes codes dans tes sphères, admettons le, pour le moins magnanime. je n'irais pas jusqu'a y voir une forme de décadence et pourtant, c'est cette alternative audacieuse qui donne à ton récit tout son aspect poseur, je dirais même, bien que ce soit un peu fort, je le reconnais "provocateur". Donc, on peut se questionner : Pourquoi?
    est ce simplement par rejet de l'autorité et attrait pour le narcotrafic, on bien pouvons nous y voir le malaise de toute une société, de cette société abandonné, qui s'exprime.
    Tes intentions ne sont pas claires, attention avec ça.
    Conclusion : fais gaffes aux pointillé mec.

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  4. Je ne parviens toujours pas à percevoir cette histoire de valeur d'image propre à la lecture de ta BD. Il y a des vignettes composée exclusivement de motifs : elles n'ont pas de valeur en elles-mêmes, elles créent une certaine sensation d'espace dans l'ensemble de la planche, selon l'impression de clarté ou d'agitation qu'elles apportent. Je absolument d'accord avec toi sur le fait que la relation entre les vignettes n'est plus vraiment temporelle, mais je trouve qu'on ressent tout de même une solidarité essentielle. Il y a une dimension très sensible dans ton travail ; ça a quelque chose d'un évènement saisi, un peu comme un croquis narratif. De plus, ce travail est, par sa méthode, plutôt de l'ordre de la performance.

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  5. En fait je crois que notre divergence vient du fait que je lis tes planches plutôt comme une image unique, composée de vignettes. Du coup, comme dans un collage, leur agencement, leur force et leur qualité prennent une valeur impressive. L'histoire est donc racontée de manière impressive et non narrative. C'est ce que je trouve le plus génial dans ton travail. Il s'agit d'une sorte de poème-BD.

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  6. Mais de toute façon, je crois que c'est Manon qui a raison.

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